Rivière Magpie
Le 23 février 2021, l’Alliance pour la protection de la rivière Magpie/ Muteshekau Shipu (en Innu) en partenariat avec l’Observatoire international des droits de la Nature, ont annoncé la reconnaissance de la personnalité juridique et l’attribution de droits à cette majestueuse rivière.
La rivière Magpie est située dans le Nitassinan (le territoire ancestral du peuple Innu), dans l’Est du Québec. Son nom innu, Muteshekau Shipu, signifie « la rivière où l’eau passe entre des falaises rocheuses carrées »[1].
D’une longueur d’approximativement 290 km, la rivière Magpie est l’une des plus importantes rivières de la Côte-Nord et l’une des dernières grandes rivières sauvages du Québec[2]. Elle prend sa source à la frontière du Québec et du Labrador et se déverse dans le golfe du Saint-Laurent. Renommée à l’échelle internationale comme un joyau de la Nature, le magazine National Geographic l’a classée parmi les dix meilleures rivières au monde pour les activités en eau vive[3].
Depuis des temps immémoriaux et bien avant l’arrivée des Européens, la Première Nation des Innu de Ekuanitshit occupe, gère, utilise et fréquente la rivière Magpie, y pratique un mode de vie unique et subsiste grâce à ses ressources. La rivière Magpie constitue une partie intégrante de leur culture et identité distinctive encore aujourd’hui. Les Innu de Ekuanitshit continuent d’utiliser la rivière Magpie et ses ressources à des fins alimentaires et culturelles.
Malgré l’importance écologique et culturelle de cette rivière majestueuse, elle ne bénéficie pas d’une protection environnementale adéquate. Par conséquent, la rivière Magpie est toujours susceptible de faire l’objet d’une exploitation commerciale. Une telle exploitation de la rivière Magpie entraînerait des effets environnementaux néfastes et limiterait l’exercice des droits ancestraux de la communauté Innu de Ekuanitshit.
L’OIDN travaille en partenariat avec le Conseil des Innu de Ekuanitshit, la Municipalité régionale de comté (MRC) de Minganie et SNAP Québec pour mener une étude sur l’emploi des outils juridiques au service de la protection de la rivière Magpie, en vue d’assurer la mise en application de l’attribution de la personnalité juridique et des droits à la rivière.
L’équipe de l’Observatoire international des droits de la Nature, ayant contribué à la rédaction des deux résolutions miroirs, est reconnaissant de la précieuse contribution des chercheurs associés de l’Observatoire, experts en droit de la Nature et en matière de droit autochtone, ainsi que de la collaboration des étudiants et stagiaires en droit associés audit projet. Il s’agit d’un travail collaboratif, non seulement pour faire évoluer le droit, mais aussi pour améliorer notre rapport avec la Nature.
Le texte des résolutions sont accessibles via les liens suivants : pour le Conseil de Ekuanitshit: http://files.harmonywithnatureun.org/uploads/upload1072.pdf
pour la MRC de Minganie: http://files.harmonywithnatureun.org/uploads/upload1069.pdf
L’OIDN est fier d’avoir participé au changement de paradigme qu’implique ne plus considérer la Nature comme un simple « objet » qui peut être exploité, mais comme un « sujet de droit » qui doit être respecté et protégé pour les générations futures, humaines et non humaines.
Pour plus d’information veuillez consulter le blog:
La reconnaissance de la rivière Magpie/ Muteshekau Shipu comme personne-non humaine
[1] Commission de toponymie du Québec, « Rivière Magpie », en ligne : <http://www.toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=38014>.
[2] Organisme de bassins versants Duplessis, « Portrait du bassin versant Magpie », en ligne : <http://obvd.qc.ca/fiches-portraits/riviere-magpie/fiche-portrait.pdf>.
[3] National Geographic, « Top 10 White-Water Rafting », 21 janvier 2020, en ligne : <https://www.nationalgeographic.com/travel/top-10/white-water-rafting/